De l'accumulation de milliards de squelettes de micro-organismes au fond d'une mer peu profonde durant la période géologique dite du Crétacé, l'Europe a hérité la craie.
Une roche tendre, fortement attaquée par les eaux acides, peu perméable à l'échelle de l'échantillon mais fortement perméable à une plus grande échelle du fait de la présence de nombreuses fractures le long desquelles les eaux souterraines s'infiltrent et se déplacent préférentiellement.
Suite aux phénomènes de dissolution, la surface de la craie n’est pas plane mais composée de « pinacles » et « racines ».
Les matériaux non solubles (silex, argile) sont restés en grande partie sur place et ont donné naissance à la formation résiduelle des argiles à Silex qui masque la craie sur le plateau. L'ensemble étant généralement par une couverture limoneuse composée de sables très fins.
L’ensemble de formes superficielles et souterraines résultant de la dissolution de roches carbonatées par l’eau rendue acide par le dioxyde de carbone est nommé Karst, de la traduction allemande du nom de la région des plateaux calcaires de Slovénie : Kras en slave. Le réseau hydrographique de surface perd son rôle prépondérant au profit d’une circulation souterraine en trois dimensions au sein d’un réseau karstique. On parle également parfois de région karstique. Ces réseaux karstiques constituent de véritables autoroutes souterraines où les pollutions peuvent être transportées très vite entre les zones de production et les forages destinés à l’alimentation en eau potable
Sur le plateau Haut-Normand, la mise en relation entre les eaux de surface et les eaux souterraines se fait au niveau de points d’engouffrement nommés bétoires. Les bétoires sont des avens naturels qui permettent la pénétration rapide des eaux de ruissellement vers les eaux souterraines. Utilisées depuis très longtemps par les hommes afin d’assurer la gestion des eaux pluviales, les bétoires représentent toutefois un vecteur des pollutions et permettent un transit rapide des produits issus des activités de surface (agriculture, industrie…) et l’aquifère de la craie qui alimente les collectivités en eau potable. À proximité des bétoires, le fluage des matériaux représente également un risque géotechnique pouvant aboutir à la déstabilisation de fondations.
Ces conduits (que l'on peut observer au niveau des falaises) ont été creusés par l'eau il y a plusieurs centaines de milliers d'années puis ils ont ensuite été en grande partie comblés par des alluvions composées de lœss, d'argile et de silex : la notion de « rivière souterraine » est donc généralement largement usurpée en Haute-Normandie.